Un modèle très simple pour mieux comprendre l’impact de nos émotions lors d’un changement important
Voici un des plus beaux modèles que je connaisse et qui permet de mieux comprendre certaines de nos réactions face au changement
Il nous vient de Daniel Siegel, pédopsychiatre américain (Mindsight – The new science of personal transformation). Il a été largement repris par le courant de l’éducation positive*.
Prenez un instant pour visualiser son modèle :
Regardez votre main ouverte, la paume tournée vers vos yeux.
Maintenant, repliez votre pouce de façon à le situer dans votre paume. Il symbolise la région limbique de votre cerveau, siège de vos émotions (c’est le cerveau d’en bas).
Repliez vos doigts par-dessus le pouce de façon à fermer le poing et à avoir les ongles face à vous. Vos doigts représentent le cortex cérébral (le cerveau d’en haut), le lieu des fonctions supérieures du cerveau. Et vos ongles représentent le cortex préfrontal.
Le cortex préfrontal permet de prendre du recul sur une situation, d’anticiper, de diriger l’attention vers ce qui est important, de réorganiser les informations et de créer de nouveaux liens entre elles.
Il est impliqué dans la prise de décision, la réflexion consciente, la planification, l’apprentissage, … sans lui pas de changement !
Sous le coup d’une émotion forte comme la peur ou la colère, c’est comme-ci votre main s’ouvrait et que le préfrontal se déconnectait !
C’est alors le cerveau limbique qui prend les commandes et votre cerveau n’a plus accès qu’à :
- Ses réactions instinctives de défenses (Je me bats, je fuis ou je me fige en attendant que le danger passe). Cela vous rappelle certaines de vos réactions ?
- Les apprentissages anciens devenus des automatismes (c’est la raison pour laquelle nos amis pompiers s’entraînent autant : dans le « feu » de l’action, ils peuvent faire appel à des automatismes !).
C’est aussi ce qui se passe dans la tête d’un collaborateur lorsqu’un changement lui fait peur.
Dans cet état, il n’est pas possible de « faire entendre raison », de « faire voir autrement », d’obtenir une compréhension fine et une adhésion. Bref pas de changement pérenne à l’horizon…
Pour tout vous dire, sous le coup d’une émotion très très forte, le cerveau peut aussi directement encoder un nouveau comportement. Mais avez-vous vraiment envie de manager par la terreur ? Les résultats sont loin d’être garantis…
En fait, il est beaucoup plus efficace d’accompagner l’émotion pour aider le cerveau à s’apaiser et à reconnecter le préfrontal.
Que pouvez-vous faire concrètement ?
– Anticiper pour éviter de créer une surprise trop importante et déstabiliser vos interlocuteurs.
– En cas d’émotion forte, laisser passer la « crise » en laissant du temps pour revenir au calme.
– Aider à mettre en mot la situation : Le simple fait de verbaliser une situation permet d’abaisser le niveau de stress.
– Utiliser un support externe (tableau, feuille, …) pour que vos interlocuteurs puissent exprimer ce qui se passe pour eux. Cela aide à prendre un peu de distance.
Pour aller plus loin, découvrez un modèle bien pratique pour améliorer le climat relationnel et d’établir un état d’apprenance (Voir : SCARF, emprunté à David Rock – Votre cerveau au bureau)
* Pour en savoir plus sur le cerveau dans la main, voir les vidéos suivantes :
La démonstration de Nadine Gaudin :
– Les éditions les Arènes – Le cerveau de votre enfant :